« Nos corps ne sont-ils pas soumis de même à la loi d’une continuelle transformation ?
Ce que nous étions hier, ce que nous sommes aujourd’hui, demain nous ne le serons plus. »
Ovide, Les métamorphoses, livre 15 (1er siècle ap. J.-C.)
Les Métamorphoses poursuit l’interprétation sensible des mythes de Letizia Le Fur.
Ce deuxième livre, inspiré de l’oeuvre éponyme d’Ovide, évoque les transformations des êtres lorsqu’ils doivent séduire, conquérir ou fuir, dans une nature où le végétal, l’animal et le minéral peuvent se mélanger et finissent parfois par se confondre
Travaillant la couleur comme le ferait une peintre, la photographe convoque la force de paysages sauvages, la poésie de la nature environnante, des corps nus et des animaux dans ses images empreintes de mystère.
Accompagné d’un texte de Gilou Le Gruiec (extrait) :
Letizia Le Fur s’est emparée de la photographie et a pris la tangente, volant avec volupté ce que la photographie a de mieux à offrir, n’en gardant que la substantifique moelle, la transformant en un merveilleux support pour mieux la transformer, la transgresser, la retravailler point par point, feuille par feuille, pierre par pierre, exacerbant les couleurs, renouant ainsi avec ses premières amours, la peinture. Ce travail minutieux de recomposition d’images est issu d’une méthode de recherche que Letizia Le Fur a mise en place très tôt, seul moyen pour se mettre au service d’un récit qui s’inscrit dans le champ rare et remarquable de la poésie pure. L’imaginaire est pleinement aux commandes et nous embarque, quelque peu hallucinés, dans un espace-temps où le rêve est – réellement – à portée de regard. Rien ne semble vrai dans ses images, mais paradoxalement nous y reconnaissons notre lien fondamental au cosmos, à la puissante magnificence de la nature – autrement dit, nous y opérons un retour à l’essentiel et à ce qu’il y a de plus simple au monde : la mer, la terre, le ciel, seulement…
Autant les arbres et les plantes paraissent ancrées, semblent se nourrir généreusement des éléments, autant les êtres ressemblent à des fantômes fugaces : apparitions plus que désignations, on se demanderait presque s’ils ne sont pas en train de fuir l’Histoire des siècles à venir. Se montrant ils se cachent, se cachant ils se montrent… Ils semblent plus traverser les éléments ou être traversés par eux que s’emparer de ceux-ci. De passage. Derrière la beauté de ces corps se blottirait-il une peur diffuse, une fragilité, une tentation pas encore vaine de n’être qu’un autre de ces éléments … ?
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