Windows, Patrick Pound

Patrick Pound collectionne les photographies comme s’il s’agissait d’un défi. Depuis trente ans, cet artiste australien né en Nouvelle-Zélande collectionne les photographies d’autres personnes et les classe dans des catégories qui lui sont propres. Photographier le monde, c’est le collecter sous forme d’images. L’œuvre de Pound semble proposer : « Si seulement nous pouvions trouver toutes les pièces, nous pourrions résoudre le puzzle ». C’est une folie, bien sûr.

Dans Windows, le premier livre de photos de Pound publié par Perimeter Editions, nous trouvons un échantillon d’images extraites d’une seule catégorie de la vaste collection de 70 000 photographies de Pound. Chacune des photographies « trouvées » de ce nouveau livre présente une fenêtre vue de l’extérieur. Nous sommes autorisés à regarder à travers elles, dans l’intimité de nos propres maisons. Nous voyons des figures fantomatiques et des familles heureuses ; nous voyons des acteurs jouer, et des gens ordinaires jouer ; nous voyons des mondes réels et imaginaires. Chaque scène est unique. Page après page, nous regardons à travers les photographies et les fenêtres d’autres personnes. Ici, Pound nous rappelle que la photographie est une fenêtre qui se présente comme un miroir. Étonnamment, par sa seule contrainte, Windows offre une petite histoire de la photographie – ses qualités matérielles en constante évolution et ses utilisations pratiques et expressives.

Pound trouve presque toutes ses photographies – des clichés d’amateurs mis au rebut et des tirages photographiques provenant de photothèques, d’archives de journaux et de cinémas aujourd’hui disparus – à vendre sur eBay et d’autres plates-formes en ligne. Il qualifie l’internet d’album vaste et désordonné et, depuis des années, il passe d’innombrables heures à trier cette masse, à trouver ou à inventer des liens. Les images récemment redondantes qui figurent dans ce livre vont au-delà de la nostalgie ou du sentimentalisme ; elles nous parlent directement de notre présent. Les photographies qui ont été retirées de leur contexte et qui ont perdu leur raison d’être initiale sont des petits signes remarquablement flexibles.

En 2023, ces photographies – et ce livre – nous rappellent tout ce qui va des nuances de l’interconnexion humaine à la séparation des habitations domestiques, avec l’offre d’un sanctuaire et d’un piège nichés l’un dans l’autre. Ces images ont perdu leur utilité pour en trouver une autre plus importante. Alors que nous pensions qu’elles avaient dépassé leur date de péremption, nous sommes poussés à y repenser.